Le 17 novembre 2024, à minuit, les bateaux européens cesseront toute activité de pêche dans la zone économique exclusive (ZEE) du Sénégal, marquant la fin d’un accord de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal établi depuis 2019. Cette décision de ne pas renouveler le contrat résulte d’une annonce officielle faite mardi dernier par Jean-Marc Pisani, l’ambassadeur de l’UE au Sénégal. Selon ce dernier, la Commission européenne a signalé en mai des « défaillances » du Sénégal dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Ces préoccupations ont poussé l’Union européenne, qui applique une politique stricte de « tolérance zéro » face à la pêche illégale, à suspendre l’accord.
Cet arrêt affectera 18 navires, principalement espagnols et français, spécialisés dans la pêche au thon tropical et au merlu, des espèces qui ne concurrencent pas directement la pêche artisanale sénégalaise, explique Jean-Marc Pisani. Cependant, la question de la surexploitation des ressources maritimes par des bateaux industriels, souvent contrôlés par des intérêts étrangers, demeure sensible au Sénégal, où la pêche est un pilier économique et culturel.
Au Sénégal, la pêche artisanale joue un rôle vital. Environ 600 000 personnes, sur une population totale de 18 millions, dépendent directement ou indirectement de cette activité pour leur subsistance. Les quelques 50 000 pêcheurs sénégalais, utilisant majoritairement des pirogues traditionnelles, dénoncent régulièrement l’impact des « bateaux usines » sur l’écosystème marin et la raréfaction du poisson dans les eaux sénégalaises. Ces pratiques contribuent, selon eux, à la diminution des stocks halieutiques, augmentant la vulnérabilité de ce secteur clé.
Sur la période 2019-2024, l’accord a rapporté environ 10 milliards de francs CFA au Sénégal. Cette somme reflète une contribution économique non négligeable, mais l’impact environnemental de la pêche industrielle continue de soulever des préoccupations. Le non-renouvellement de cet accord pourrait inciter les autorités sénégalaises à renforcer la gestion durable de leurs ressources maritimes et à évaluer l’impact à long terme des accords de pêche étrangers sur la préservation des ressources halieutiques locales.
Binetou Ka / Business Africa