Dans une interview exclusive avec Top Congo, Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances de la République Démocratique du Congo (RDC), a livré un plaidoyer pour défendre son bilan et ses méthodes face aux accusations de mauvaise gestion et de corruption qui pèsent sur lui et sur le gouvernement de l’administration Tshisekedi. La prestation, marquée par un ton direct, a mis en lumière les contradictions internes de l’administration, la pression publique sur la gestion financière de l’État et le climat de défiance autour de la gouvernance.
Gouvernance financière et budget d’État : un bilan en question
L’ancien ministre des finances du plus grand pays francophone, au cœur de polémiques financières, a tenu à rappeler que sous sa gestion, le budget de l’État congolais avait triplé. Il a aussi souligné la difficulté d’opérer dans un contexte où la désinformation alimente la défiance et où les allégations de corruption sont fréquentes. Nicolas Kazadi se défend d’avoir contribué à cette perception négative, déclarant avoir instauré des mesures de transparence, notamment en augmentant la surveillance des flux financiers et en consolidant les systèmes de contrôle pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent.
Les controverses : gestion des paiements et exemptions fiscales
Au fil de l’interview, Nicolas Kazadi s’est également attardé sur la gestion de fonds controversés, notamment un paiement d’urgence de 400 millions de dollars qu’il justifie par une situation pressante nécessitant une « procédure accélérée » en collaboration avec le ministère du Budget. Ces fonds ont notamment servi au financement de projets d’infrastructures essentiels, mais dont la gestion a soulevé des interrogations en raison de dépenses importantes et de retards. Kazadi mentionne des défis complexes, y compris les exonérations fiscales en préparation pour les produits solaires importés, qui nécessitaient des décisions rapides afin d’éviter des blocages de matériels critiques pour les projets d’électrification.
Une approche systémique et l’héritage de la foi
Kazadi a profité de cet entretien pour insister sur la mise en place de mesures d’austérité budgétaire et de systèmes conformes aux normes internationales pour renforcer la lutte contre la corruption. Dans cette optique, il se montre confiant dans une approche systémique et coordonnée, qui vise, selon lui, à renforcer la résilience financière de la RDC tout en luttant contre la perception publique de mauvaise gouvernance.
D’un point de vue personnel, il évoque également sa foi et la force spirituelle qui l’auraient aidé à surmonter les défis du ministère. Il revient sur sa propre expérience d’adversité, la qualifiant d’épreuve où la communion avec Dieu lui a permis de maintenir le cap malgré les critiques.
Nicolas Kazadi, Tshisekedi, et l’ombre d’une relation complexe
Pour de nombreux observateurs, l’interview de Nicolas Kazadi et ses justifications sont révélatrices des fractures internes au sein de l’administration Tshisekedi, tout en renforçant les liens ambigus avec l’ancien ministre des Finances. Nicolas Kazadi, qui a entretenu une relation de travail étroite avec le gouvernement de Tshisekedi, met en lumière la complexité de ces alliances politiques, notamment avec l’appui politique, mais aussi les tensions qui en résultent, autour de la gestion des ressources financières de l’État et des priorités budgétaires.
En dépit de cette démonstration de défense, les détracteurs de Kazadi restent sceptiques quant à l’efficacité et à l’intégrité des réformes qu’il propose. Cependant, l’ancien ministre continue de défendre son bilan et de projeter une image de transparence et de dévouement aux idéaux de bonne gouvernance, insistant sur la nécessité de réformes profondes pour redonner à l’État un contrôle sur sa propre économie.
Mutombo Katalayi / Business Africa
