Armement et Pétrole : L’Offensive Russe au Sénégal sous la Présidence Faye/Sonko
Le Sénégal est aujourd’hui au cœur d’un repositionnement géopolitique majeur en Afrique de l’Ouest. Depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye, épaulé par le Premier ministre Ousmane Sonko, le pays prend un tournant stratégique en redéfinissant ses alliances diplomatiques et économiques. Ce nouveau leadership a affirmé sa volonté de s’émanciper de la traditionnelle influence occidentale, notamment française, en explorant de nouvelles alliances, y compris avec la Russie. La Russie, qui accentue son influence en Afrique, entrevoit au Sénégal une occasion de renforcer sa présence dans la région.
Une influence russe grandissante
Depuis plusieurs mois, la Russie intensifie ses relations avec Dakar. Une délégation russe, dirigée par le vice-ministre Mikhaïl Bogdanov, a visité le Sénégal pour lancer la Chambre de commerce et d’investissement entre l’Afrique, la Russie et l’Eurasie. Cette initiative place Dakar en tant que centre névralgique pour le commerce russo-africain, contribuant à diversifier les relations économiques sénégalaises et réduire leur dépendance envers les partenaires traditionnels européens. Au-delà de l’aspect économique, l’ambition russe intègre des partenariats dans la défense, avec des propositions de ventes d’armements qui visent à moderniser les capacités militaires sénégalaises et renforcer la sécurité régionale.
Pétrole et gaz : un partenariat à redéfinir
Avec la découverte de champs pétroliers offshore au Sénégal, tels que Sangomar exploité par Woodside et le méga-champ de Grand Tortue Ahmeyim avec BP, l’économie sénégalaise pourrait connaître une forte croissance. Cependant, les nouvelles orientations politiques pourraient perturber ces contrats, notamment avec l’arrivée d’une administration qui juge les accords actuels désavantageux pour le Sénégal. Faye et Sonko affichent une politique souverainiste visant à réévaluer ces contrats dans l’optique de favoriser des partenariats plus équilibrés. Les géants pétroliers, bien qu’inquiets, restent prudents et expriment leur volonté de respecter les nouvelles orientations, espérant que le cadre juridique et réglementaire demeure stable pour sécuriser leurs investissements en Afrique de l’Ouest.
Une stratégie panafricaine pour le Sénégal
Le gouvernement Faye-Sonko a promis de rompre avec le « système ancien » et de favoriser l’indépendance économique, inspirant d’autres nations africaines à diversifier leurs partenaires stratégiques au-delà des anciennes puissances coloniales. Cette politique pourrait donner naissance à des projets de développement plus autonomes en Afrique. Sur le plan économique, la diversification pourrait renforcer les opportunités pour les entreprises locales sénégalaises, en permettant la montée de nouveaux partenariats dans les secteurs des hydrocarbures, des infrastructures et de la sécurité.
Impact pour l’économie sénégalaise
La refonte des alliances pourrait avoir des répercussions significatives. D’un côté, des collaborations avec des partenaires comme la Russie pourraient générer des investissements et une expertise technologique en matière d’exploration de ressources naturelles et de défense. De l’autre, une rupture avec les accords passés pourrait effrayer certains investisseurs occidentaux, notamment dans un secteur pétrolier encore fragile. Cependant, une économie recentrée sur l’intérêt national pourrait encourager des projets d’infrastructure et des programmes de formation en adéquation avec les besoins du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest.
En définitive, la politique audacieuse du gouvernement Faye/Sonko s’inscrit dans une vision panafricaine où le Sénégal pourrait devenir un modèle pour d’autres pays aspirant à une plus grande autonomie économique et diplomatique sur la scène mondiale.
Binetou Ka