Dans une publication virale sur LinkedIn, Prosper Alagbe interpelle avec un constat aussi cru que réaliste : à quoi servent les riches Africains, et pourquoi un continent qui importe l’essentiel de ce qu’il consomme reste-t-il si dépendant de compagnies maritimes étrangères ? Une question qui fait écho à une absurdité logistique quotidienne : en 2025, il reste extrêmement difficile d’expédier un colis par bateau d’une capitale ouest-africaine à une autre sans qu’il ne transite d’abord par l’Europe. Pendant ce temps, colloques et sommets sur le « développement » se multiplient, sans que cette fracture concrète ne soit résolue.
Ce paradoxe n’est pas qu’anecdotique ; il révèle une faille structurelle majeure. L’absence de corridors maritimes directs entre pays africains oblige les échanges à emprunter des routes détournées, rallongeant les délais, alourdissant les coûts et fragilisant la chaîne d’approvisionnement. Pourtant, chaque jour, des navires de grandes compagnies internationales sillonnent les côtes africaines, mais sans toujours desservir les ports entre eux. Cette dépendance handicape l’intégration commerciale et renforce la extraversion économique du continent.
La situation récente au Mali, où le géant français CMA CGM a un temps suspendu ses transports terrestres vers Bamako avant de faire marche arrière, illustre cette vulnérabilité. Lorsqu’un acteur extérieur — aussi essentiel soit-il — peut, sur un coup de tête stratégique, menacer l’approvisionnement d’une capitale, c’est toute la souveraineté logistique de l’Afrique qui est en jeu. Ce bras de fer ponctuel rappelle à quel point le continent a urgemment besoin de reprendre le contrôle de ses routes commerciales, à la fois maritimes et terrestres.
Face à ce défi, la diaspora africaine est souvent citée comme un levier potentiel. Mais Prosper Alagbe pointe aussi ses limites : une majorité de ses membres, selon lui, évoluent dans la précarité et n’ont pas encore pu investir massivement dans des secteurs stratégiques comme le shipping. L’enjeu est donc double : créer les conditions pour que les capitaux africains — ceux de la diaspora comme ceux des riches locaux — s’investissent dans une logistique panafricaine, libérée des détours imposés. Sans cela, les colloques sur le développement risquent de rester… des colloques.
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